IRE de Fleurus: anatomie d'un incident inquiétant

Une fois de plus, le service public en Wallonie s'expose à la critique. Et cette fois, il ne s'agit pas d'au fond bénignes opérations d'enrichissement personnel manigancées par des élus médiocres et véreux. Il s'agit de santé publique.

Ainsi, peu à peu le fil de la pelotte se déroule. L'Institut des Radioéléments (IRE) de Fleurus est à l'origine d'un petit accident nucléaire. Le vendredi 22 août, des déchets radioactifs liquides produits dans cette structure ont été déplacés. Cette manoeuvre a produit des rejets gazeux, c'est-à-dire une fuite d'éléments contaminés. Samedi, les instruments de mesure ont commencé à signaler l'incident. Dimanche matin, les doses critiques étaient atteintes. Mais l'IRE n'a déclenché l'alerte que le lundi... Probablement parce que les salariés n'y travaillent pas le dimanche. Les services de contrôle fédéraux (l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire) se sont déplacés mardi matin et ont donné l'alerte. S'est alors engagé le traditionnel ballet des experts qui affirment que tout va bien... mais vendredi matin, le bourgmestre de Fleurus a informé la population qu'il ne fallait pas consommer de légumes produit dans sa commune, après que l'AFCN a jugé que l'incident était plus sérieux qu'estimé jusqu'alors.

En fait, les services de l'IRE ont agi en totale opacité (par crainte de sanctions?). L'incident est classé 3 sur une échelle de 7 en termes de gravité.

Le Soir révèle qu'un audit mené en novembre 2007 à Fleurus par l'AFCN et l'Agence Française de Sécurité Nucléaire épinglait de nombreuses carences en matière de sécurité, tant pour la prévention que pour la gestion d'éventuels accidents. L'AFCN a une fois de plus critiqué l'absence de culture de sécurité à Fleurus.

Il sera intéressant de suivre les suites données à cet accident, et notamment les sanctions prises contre les responsables de ces lourdes fautes.