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Wallonie-France
13 septembre 2008

Du rififi dans la police belge (Libre Belgique)

Le Comité P contre le chef de la police

Roland Planchar

Mis en ligne le 13/09/2008

Rapports défavorables chez les ministres et au Parlement. Le si bon commissaire général est-il soudain devenu mauvais ? Ou alors, déplaît-il ? Et si oui, à qui et pourquoi ?

Que se passe-t-il à la tête de la police fédérale ? Tempête dans un verre d'eau ? Remise au net ? Flamandisation ? Toujours est-il que Fernand Koekelberg, nommé commissaire général en février 2007 dans un concert de louanges, après une sélection pointue et une carrière sans faille alors saluée unanimement, est l'objet d'un tir soutenu dont l'enjeu se joue ces jours-ci.

N°1 et n°2 chez le ministre

Jeudi soir, les ministres de tutelle, Jo Vandeurzen (CD&V) à la Justice et Patrick Dewael (Open VLD) à l'Intérieur, ont reçu trois rapports du Comité P, qui fait figure de "police des polices". Le Premier ministre Yves Leterme a été mis au courant. "La Libre" a même appris que M. Dewael avait convoqué M. Koekelberg ainsi que l'inspecteur général Luc Closset dans son bureau, dès vendredi. Que s'est-il dit ? Mystère mais, lundi, les parlementaires de la commission du suivi pourront à leur tour prendre connaissance des rapports selon la procédure "for your eyes only" - soit sans prendre copie !

"L'un des rapports est assez explosif pour que, si la volonté en existe, on puisse en faire une mauvaise utilisation politique" , nous indique un très proche observateur du dossier. Mais explosif en quoi et contre qui, il ne le dit pas.

En revanche, on sait que deux de ces trois rapports ne sont pas favorables au patron des policiers, le dernier mettant en scène son n°2, l'inspecteur général. Mais il y est aussi question du ministre Dewael lui-même.

De quoi s'agit-il ? On parle d'abord, depuis novembre 2007, du commissionnement temporaire de deux secrétaires du commissariat général (CG) de niveau C, Sylvie R. et Anja S., au niveau A (avec un "plus" d'environ 300 €/mois). Les détracteurs de Koekelberg évoquent une magouille voire, cela a été dit, une "promotion canapé". On reproche aussi à ces dames de la fraude fiscale, en rapport avec l'usage de véhicules de service.

D'un autre côté, on se souvient que la réorganisation de la police, à l'arrivée de Koekelberg, prévoyait la constitution de petits cabinets pour le CG et les trois directeurs généraux, sur base des compétences. Et, de fait, les deux secrétaires travaillaient depuis neuf ans à la satisfaction générale dans le staff du futur "patron" (quand il était chargé de mettre la police intégrée en place) ce qui au passage explique une relative familiarité (sans rien à voir avec le canapé, nous disent des gradés). Qu'elles l'aient suivi au CG a cependant changé leur statut, avec perte d'indemnités. D'où le commissionnement fait par... M. Dewael, sur proposition policière (par analogie avec la fonction publique). Même de bonne foi, ce serait illégal.

Quant à la "fraude fiscale", il est apparu que l'utilisation des autos avait dûment été déclarée en tant qu'avantage en nature par les secrétaires, mais pour 9 chevaux fiscaux au lieu de 10...

A titre subsidiaire, on a aussi relevé, presse et questions parlementaires flamandes confondues, quelques assertions gratuites contre le francophone Koekelberg : son arrivée en hélicoptère dans une cour d'école en partenariat avec la police (il était venu en voiture); des pressions sur le service juridique pour un avis sur la situation (avis inexistant), etc.

Deuxième grief : l'éviction, le 30 juin dernier, de la porte-parole de la police fédérale, Els C. Excellente dans ses relations publiques, connue à l'extérieur pour sa bonne humeur et son efficacité, elle n'aurait pas affiché les mêmes qualités de coeur en interne. Deux membres de son service l'avaient quitté, en août 2007. Et cinq autres (sur six) s'étaient plaints d'un genre de harcèlement au CG, en février 2008. Plus tard, Els C. aurait désigné Sylvie R. à des journalistes (VTM, VRT) de manière peu amène : "Prenez des images, cela pourra toujours servir." Nous n'avons pu la contacter pour connaître sa position, vendredi, mais toujours est-il qu'elle avait été écartée du service. Car ses propos dérangeaient son patron, pour certains.

Insertions barémiques

Le troisième point retenu par le Comité P concerne des "insertions barémiques" trop avantageuses à l'Inspection générale (là, on parle de "bonus" de 1 500 € nets/mois). Le hic, c'est que cela concerne encore M. Dewael, en direct ou non : un des bénéficiaires venait de son cabinet. Et, ailleurs dans la police, deux autres ex-[?]membres de son cabinet auraient été pareillement gâtés. Alors ? Si on s'étonne de l'importance donnée à certaines choses, d'autres pourraient donc avoir des suites, selon ce que le Comité P en a vraiment écrit. "Le ministre Dewael, en porte-à-faux, se préférera au besoin à Koekelberg" , nous dit un observateur averti. Il l'a d'ailleurs déjà laissé tomber dans une précédente réaction. Et s'il lui faut charger un francophone dans l'ère communautaire qui règne... Voilà en tout cas du rififi en vue. A suivre.

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