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Wallonie-France
10 septembre 2008

Le début des négociations vu par Le Soir

Flamands et francophones tout près de négocier

Rédaction en ligne

mercredi 10 septembre 2008, 10:47

Francophones et flamands sont disposés à discuter de tout, sans dates butoirs, sans dicter le casting des négociations (huit à table ?). Les médiateurs royaux avancent, engrangent.

Les Francophones : Le stress de la page blanche

Dure la vie ? Après s'être retrouvés à l'Hôtel des finances, à Bruxelles, à l'invitation de Didier Reynders, mardi vers 11h30, les quatre présidents francophones ont rejoint les trois médiateurs royaux au Sénat, à 13h, autour d'une table dressée par l'ancienne cuisinière de Guy Verhofstadt, Maria, réputée, qui a ravi les convives au Palais de la nation… On vous passe les louanges, sinon celle d'Elio Di Rupo, transalpin, fin connaisseur : « Ah ce cabillaud à l'italienne… Exquis ! » –, pas le commentaire politique, partagé par tous, et soumis par Didier Reynders pour le coup : « Quand vous êtes à une table comme celle-là, l'harmonie vient naturellement… » Car – petit stress – la table a tremblé un instant, lorsque Raymond Langendries, médiateur CDH, a « menacé » de se lever, estimant que la « position » francophone exposée devant lui par les présidents manquait de clarté, en l'occurrence celle de… Joëlle Milquet !, sa présidente.

Anecdotique, mais pas tout à fait. Pour comprendre…

Les quatre présidents francophones ont, comme prévu, transmis hier aux médiateurs leur réponse à l'« offre » de dialogue formulée quelques jours plus tôt par Kris Peeters, le ministre-président flamand. Elle tient en trois points : 1. ils sont disponibles pour des discussions « sérieuses » ; 2. ils suggèrent que les négociateurs aient le loisir de discuter de tout : « Partons d'une page blanche ! » ; 3. ils souhaitent que les délégations respectives soient composées de quatre personnalités : un représentant par parti pour ce qui les concerne, probablement face à quatre membres du gouvernement flamand.

De la part des francophones, une ouverture au grand-angle : les mêmes sont « demandeurs de rien », ne l'oublions pas. Une ouverture qui a « fait débat », comme on dit. Certains hier se demandant s'il ne fallait pas tout de même poser quelques balises, et les coucher sur papier, comme on l'a fait au Nord dans la fameuse « note Peeters » de vendredi dernier, en réaffirmant à son tour quelques bonnes grosses revendications de base, comme celle d'élargir Bruxelles, ou de préserver la solidarité interpersonnelle, qui garantit le maintien de la sécurité sociale fédérale.

Les quatre présidents francophones ont hésité, un peu, tranché, pris leur décision en caucus à quatre le matin, avant que Joëlle Milquet ne rouvre inopinément la discussion lors du déjeuner avec les médiateurs ; d'où la saute d'humeur de Raymond Langendries, en quête d'un message clair à transmettre aux Flamands. Et qui l'obtiendra. Tout rentrera dans l'ordre : les présidents communiqueront unanimes devant les médias, dans le péristyle au parlement, à 15 heures.

Conclusion : certes, on sort, dans la forme, du fameux « dialogue de communauté à communauté » tel que l'avait exigé dans un premier temps le ministre-président flamand (qui voyait un face-à-face Peeters-Demotte, évacuant Bruxelles), mais les francophones font du chemin eux aussi, renonçant à poser quelque prérequis.

Ce n'est que sagesse ? Les partis flamands n'ont plus aucune raison de compliquer la tâche. Surtout : Leterme Ier peut s'apprêter à gouverner librement, à transférer le fardeau communautaire, pour un temps, à d'autres épaules. Celles des huit (4/4), douze, seize, vingt-deux négociateurs : la première formule est celle des francophones, mais le jeu reste ouvert, et là non plus, ils n'en feront pas une maladie.

François-Xavier de Donnea, Raymond Langendries et Karl-Heinz-Lambertz se rendront bientôt chez le Roi – jeudi en huit ? – pour lui soumettre leur rapport, livrer le casting des négociations (on cite Philippe Moureaux, Marcel Cheron…), et le calendrier : elles devraient débuter avant le 14 octobre et le discours de rentrée d'Yves Leterme au parlement.

Les Flamands Le changement de ton

L'été aurait-il eu des vertus apaisantes ? Une chose est sûre : le ton, au nord du pays, a changé. Plus d'ultimatum, ni de menace, ni de refus de soutenir un gouvernement qui ne réforme pas l'Etat ou ne scinde pas Bruxelles-Hal-Vilvorde. Depuis vendredi, et l'offre institutionnelle du gouvernement Peeters, les responsables flamands parlent de « main tendue », de « modération ». Leurs ambitions n'ont pas changé, mais ils s'y prennent autrement pour les réaliser…

C'est ce que le numéro deux du gouvernement flamand, Frank Vandenbroucke (SP.A), expliquait hier sur Matin Première : « Si on veut sortir de l'impasse, il faut du temps, partir d'une page blanche, sans ukases ni échéanciers. » Le « tout, tout de suite » n'est donc plus de mise. Ni l'imposition du menu de négociation. Ni même la scission rapide de BHV. « Impossible à régler avant les élections régionales », concède-t-il (voir l'infographie).

Qu'en pense le cartel CD&V/N-VA, à la pointe du combat institutionnel et qui a refusé plus d'un compromis ? Là aussi, le ton a changé… Après les ultimatums du 20 mars, 15 juillet, 31 juillet…, la N-VA s'affiche aux côtés du CD&V, de l'OpenVLD et du SP.A au sein du gouvernement flamand, pour tenter de relancer le dialogue institutionnel. Sans exiger préalablement d'agenda (serré), de menu (chargé), ou de liste d'invités (exclusivement venus des Communautés). Et c'est tout le cartel qui s'en trouve apaisé.

Comment l'expliquer ? Citons cinq éléments clés.

  1. Comme le dit un CD&V : « le temps a fait son œuvre ». Epuisés par des pourparlers sans fin depuis un an, les négociateurs avaient besoin de vacances. De sérénité. Les arguments des réalos ont enfin convaincu des fundis.
  2. A plusieurs reprises, la N-VA a menacé l'alliance avec le CD&V d'implosion. Désormais, elle a choisi l'option inverse : « Elle ne veut pas quitter le cartel », nous dit-on. Soulagement au CD&V : « On a l'impression d'avoir évité la grande crise. »
  3. Selon un autre CD&V, les partis flamands « veulent vraiment s'asseoir à la table de négociation. Ils essaient donc de créer un climat permettant à chacun d'y venir. » Mais que l'on ne s'y trompe pas : « Quand les discussions commenceront, il faudra vite du concret, car cela ne sera plus possible quand la campagne électorale battra son plein. » Autrement dit : des avancées seront nécessaires avant le scrutin régional. La N-VA ne disait pas autre chose hier soir.
  4. Kris Peeters a pris le relais d'Yves Leterme à la tête de la négociation : côté flamand, cela change la donne… Car comme l'a révélé la Gazet van Antwerpen, Leterme a perdu la confiance de nombreux N-VA. « Peeters inspire davantage confiance », nous dit-on. « Le fait qu'il mène la danse a été déterminant. Il a manœuvré pratiquement seul, au sein du gouvernement flamand, avec Geert Bourgeois (N-VA). »
  5. Que le gouvernement flamand mène la négociation avec les francophones a achevé de rassurer la N-VA. Donc le cartel. Ce sera, en partie au moins, un dialogue de Communautés – même si le Sud aura une autre délégation.

On le voit, le cartel accepte désormais ce qu'il a refusé pendant des mois : la tenue du débat institutionnel hors gouvernement (l'Orange bleue est morte sur ce point en novembre) ; un dialogue pas nécessairement présidé par les ministres-présidents F et N (Leterme a démissionné mi-juillet pour cela) ; l'absence de date butoir pour la « grande réforme » (des compromis ont été sacrifiés en son nom). Mardi, les présidents CD&V, VLD et SP.A, reçus par les médiateurs (avant une nouvelle visite, ce mercredi, du numéro un flamand, Kris Peeters), se montraient d'ailleurs globalement satisfaits de la réponse francophone à leur offre de négociation.

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