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Wallonie-France
23 août 2008

Comment la Wallonie se ridiculise par le faible niveau de ses elus

Daerden à Pékin sans daerdenmania

LAURENCE WAUTERS

samedi 23 août 2008, 07:36

SON SÉJOUR à Pékin fut le plus long de sa carrière, à l'étranger. A quel coût ? Le ministre des Sports de la Communauté française ne le dit pas.

Les trois semaines de Daerden en Chine

L'entourage. Réparti en trois convois de six jours, en fonction du programme. Les collaborateurs du cabinet se sont ainsi succédé, faisant parfois place à des hôtes plus « spécifiques » tels Maurice Semer (Groupement de redéploiement économique liégeois) pour la visite du port de Shanghai (liée aux projets du port autonome de Liège) ou Stéphane Moreau (patron de Tecteo) pour de premiers contacts bilatéraux entre câblos wallons et le gestionnaire du câble à Pékin, notamment sur la question des décodeurs.

Le contenu. Hormis les compétitions, Daerden s'est rendu chez BEA, entreprise liégeoise à Pékin, dans une entreprise équipée par CMI, chez le gestionnaire de réseau Gehua, chez Orthodyne (entreprise ansoise à Pékin), dans le parc industriel de Shanghai où s'est installé Magotteaux, au port, au circuit de F1, chez Touchroad, société chinoise investissant à La Louvière. Il a rencontré les ministres européens des Sports, celui de la Chine en tête-à-tête, déjeuné avec le président du COIB, refait le monde (sportif) avec André Stein (COIB), visité le village olympique, rencontré les ambassadeurs belges de Shanghai et de Pékin.

Le coût. Non révélé. Selon son cabinet, le voyage du ministre et de trois de ses collaborateurs a été endossé par le Commissariat Général aux Relations Internationales. Le reste par le COIB.

PÉKIN

DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE

Michel Daerden s'est rendu, mardi dernier, à la demi-finale Belgique-Nigeria, au stade de Shanghai. Il a voulu, sans doute pour la première fois de sa carrière, s'asseoir sur les bancs parmi les supporteurs, loin des tribunes officielles où se tenait Yves Leterme. Il était lassé de chercher le reste de la troupe de Belges parmi des dizaines de milliers de spectateurs.

Quittant le stade, transformé en fournaise, le ministre a posé avec des Chinois qui le lui ont demandé. Juste parce qu'il est Belge, comme les joueurs de foot de la soirée, et que les Asiatiques dégainent vite leur appareil photo.

Car « Papa », les Chinois ne connaissent pas.

En bordure de l'artère jouxtant le stade de Shanghai, Michel Daerden attend une voiture pour se rendre dans un resto-bar d'expatriés, où l'a invité l'ambassadeur. Sans daerdenmania, presque parmi les anonymes, il poireaute près d'une heure. Le ministre a dû aller loin pour recevoir cette leçon d'humilité…

Il n'était d'ailleurs jamais parti si loin, si longtemps, en 59 ans d'existence. « Ils vont me faire mourir, ces Chinois », lance-t-il, faisant les cent pas.

Un texto tombe sur le mobile d'une attachée du COI. « Mauvais article dans le “Morgen” », résume le SMS, sans plus de détails. Petit conciliabule, puis décision : il faut le dire au Ministre.

L'intéressé hausse les épaules : « Qu'est-ce qu'ils ont trouvé à me reprocher ? Qu'est-ce que j'ai encore fait ? » André Stein, président de la Fédération francophone de tennis, membre de l'exécutif du COIB, par ailleurs libéral, sursaute : « C'est n'importe quoi ! Quand j'ai entendu ce qu'on disait en Belgique sur ce match de tennis qu'il aurait perturbé, je me suis demandé où ils avaient été trouver ça ».

Second texto, plus explicite : ce « mauvais » article ne concerne pas Daerden comme tous l'ont spontanément pensé, mais le COIB. Le ministre sourit. Ses yeux se remettent à pétiller. Pour une fois que ce n'est pas lui…

Le séjour chinois de Michel Daerden se prolongera jusqu'au 26 août. Presque trois semaines d'immersion au bout du monde, flanqué de quelques motivés qui ont tenté, en l'accompagnant presque partout, de donner à ce ministre qui n'a rien d'athlétique un maximum de notions sur le sport de haut niveau. Baladé entre des visites économiques et diplomatiques, les compétitions, les repas avec représentants du COIB et autres, le ministre reviendra sans doute épuisé, mais n'aura pas pour autant négligé l'apéro. « Face à Michel, les Flamands de l'hôtel ont eu les yeux écarquillés durant tout le séjour, confie André Stein. Mais moi qui ai tenté de le suivre durant ses visites, je rends mon tablier. Il a une résistance incroyable. »

Le lendemain, journée chinoise type pour le ministre : retour à Pékin à 6 heures du matin, après quatre heures de sommeil, visite et dîner dans une entreprise sidérurgique équipée par CMI, après les deux heures de vol. Puis match de ping-pong pour supporter Saive, en fin de journée. Dur, mais Jean-Mi est Ansois… Il ne peut pas le rater.

Pendant sa longue escapade chinoise, « Papa » aura conservé ses mimiques, ses expressions, qualifiées par certains observateurs de « pitreries ».

A chaque aéroport, la sécurité lui a confisqué des paquets de briquets ; Elle a même fait sauter le GSM qu'il avait oublié dans un resto huppé. On ne peut rien y faire : même plongé dans un quasi-anonymat, Michel Daerden reste ce qu'il est.

Le ministre aura aussi testé, avec un accent inimitable, ses capacités en néerlandais et en anglais, résisté patiemment à la longueur des discours des chefs d'entreprise chinois, essayé d'appréhender, avec sa machine à calculer mentale, les investissements à concéder pour que la Belgique n'ait pas, dans six ans, à pleurer son manque de médailles.

Le représentant des francophones de Belgique à Pékin est resté à son image. Celle d'un bon vivant, peu épargné par les critiques. Mais il aura aussi fait preuve d'endurance, là où certains espéraient peut-être le voir craquer.

Au fil d'une montagne de visites et de réceptions, il s'est révélé être un athlète. A sa manière… Dans une discipline que personne n'osera créer.

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