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Wallonie-France
13 août 2008

L'Etat belge se délite

L'angoisse du vide politique belge...

V.d.W.

Mis en ligne le 13/08/2008

Il ne se passe plus rien de substantiel, rue de la Loi. Faut-il s'en inquiéter ou s'en réjouir ? La plupart des ministres ont pris un repos bien mérité. Le calme sans doute avant une nouvelle tempête politique, à l'automne.

V ous devez être des milliers, au moins !, à vous ronger les sangs, à vous demander où en sont les négociations institutionnelles, à ouvrir chaque jour avec angoisse le journal que vous avez certainement fait suivre sur votre lieu de villégiature (j'en connais...) ou à parcourir la rubrique "International" de Nice Matin, de "la Repubblica", d'"El Mundo" ou d'"Eleftheros Tipos" pour savoir si dans votre beau pays, quelques nationalistes n'ont pas voulu suivre le tragique et sanglant exemple de l'Ossétie du Sud...

Pour réduire la consommation de Lexotan ou de Xanax de ces grands angoissés, tentons de faire le point sur la situation politique belge et ses derniers soubresauts.

Prise d'otages

Oui, chers estivants, la Belgique est toujours debout. Aucun char n'a envahi Bruxelles, la Flandre ou la Wallonie. Aucun parlement régional n'a profité des Jeux olympiques (c'est pour quand la première médaille belge ?) pour déclarer l'indépendance de son territoire ou son rattachement à un pays voisin. On imagine déjà Sarkozy, Kouchner et compagnie en mission spéciale à Bruxelles, Namur et Gand pour que francophones et Flamands trouvent un terrain d'entente.

A vrai dire, depuis que vous êtes partis en vacances, fin juillet, début août (soyez encore heureux, vous avez évité la scandaleuse prise d'otages des touristes par les bagagistes de Zaventem), il ne s'est rien passé...

Les seules tempêtes auxquelles on a assisté au pays n'ont pas été médiatiques car Bart De Wever (qui a bien fini par partir en vacances, même en l'absence de réforme de l'Etat), n'a pas eu l'occasion de poser son inutile 142e ultimatum. Car plus personne n'était là pour lui accorder le moindre crédit. Les éditorialistes flamands ont eux aussi pris quelques semaines de repos. Les seules tempêtes, donc, qui ont secoué nos régions sont celles qu'un vent violent a provoquées dans certaines régions du pays.

Faute de combattants...

S'il ne s'est rien passé ici, c'est bien parce qu'il n'y avait pratiquement plus aucun combattant sur le champ de bataille politique. Frustrés à mort par un été 2007 qui les avaient quasiment tous cloués sur le plancher de la Belgique, les présidents de partis, conseillers, chefs de cabinets, spécialistes en tous genres sont partis prendre un repos bien mérité, qui à Gordes, qui en Toscane, qui à Vaison-la-Romaine, qui à la Belgische Kust. Seul le Premier d'entre eux est toujours au poste, mais pour quelques jours encore seulement. Le 16, Yves Leterme s'envolera pour un séjour mi-privé, mi-public, à Pékin. En attendant, notre Premier ministre effectue des allers-retours entre Ypres et la rue de la Loi d'où il surveille la bonne marche de l'Etat belge. Mais on le sent, pour l'instant, bien plus à l'aise parmi les spectateurs des criteriums cyclistes qui passionnent la Flandre profonde que dans la gestion des dossiers politiques délicats que l'on a refermés avec soulagement à la fin du mois de juillet.

Qui négocie quoi ?

Dossier politique délicat ? Faut avoir séjourné plus de 400 jours dans une station spatiale pour ignorer que la Belgique se cherche toujours un avenir institutionnel et que le Premier ministre n'a pas réussi à présenter, à la mi-juillet, une méthode permettant d'établir une ébauche crédible de scénario pour une réflexion en profondeur sur le destin fédéral, post-fédéral ou confédéral de notre pays. Autrement : qui doit négocier quoi. Eh oui, on en est toujours là.

Pour permettre aux ministres de partir en vacances, le Roi a suivi la recommandation des partis et nommer, à la mi-juillet, trois démineurs (MM. François-Xavier de Donnea, Raymond Langendries et Karl-Heinz Lambertz), lesquels ont déposé un rapport disant ceci :

- aujourd'hui, tous les interlocuteurs sont d'accord pour participer à un dialogue interinstitutionnel devant mener à une réforme de l'Etat approfondie;

- tout le monde admet que chacun doit être représenté dans la négociation, que ce soit les entités fédérées ou l'Etat fédéral;

- un rôle substantiel devra être confié aux représentants des entités fédérées.

En ce mois d'août, donc, les contacts informels se poursuivent mais les vraies négociations reprendront en septembre. Des progrès substantiels (si, si) sont attendus avant la rentrée parlementaire (deuxième mardi d'octobre).

Même si les médiateurs sont relativement optimistes, personne ne peut dire aujourd'hui si une réforme pourra aboutir avant les élections régionales (mais aussi peut-être fédérales) de juin 2009.

Voilà. C'est peut-être l'heure de l'apéro, de la sieste, du bridge ou du plongeon. Profitez-en bien. En septembre, ce sera moins paisible...

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