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Wallonie-France
2 août 2008

La Belgique, parenthèse de l'histoire (1)

Que la Belgique soit une parenthèse de l'histoire, il suffit de parcourir un atlas historique pour se le rappeler. Hormis la période de 178 ans qui vient de s'écouler, ce pays n'a jamais existé.

Prenons l'empire romain. Voici à quoi la Belgique y ressemblait:

La_Belgique_sous_l_empire_romain

Entité pleinement intégrée à la Gaule, la Belgica était voisine de la région parisienne, et regroupait l'équivalent de la Picardie, du Nord-Pas-de-Calais, de la Flandre, du Hainaut et du Brabant... Le Limbourg et les Ardennes (Liège et Namur comprises) appartenaient à la Germanie Inférieure, qui courait jusqu'au Rhin.

On notera que Trêves appartenait à la Belgique à cette époque.

S'il fallait chercher une légitimité historique à la Belgique, on chercherait donc plus un découpage est/ouest, avec une Wallonie coupée en deux, qu'un découpage nord/sud.

Ce point mérite d'être rappelé car une grande part de l'enseignement de l'histoire en Belgique cherche à légitimer la constitution du pays dans l'empire romain: "De tous les peuples de la Gaule, etc." comme disait César. La réalité antique de la Belgique plaide plus... pour un rattachement de la Flandre à la France... et de la Wallonie à l'Allemagne.

On mesure combien ces échaufaudages historiques sont grotesques.

En vérité, la Gaule était occupée par des peuplades non germaniques qui avaient une unité culturelle relative. La Flandre comme la Wallonie actuelles appartenaient à cette unité gauloise, antérieures aux invasions barbares.

L'existence de la Belgique ne peut en aucun cas se référer à cette époque. S'il fallait à tout prix chercher une influence antique dans la représentation contemporaine de la Belgique, elle conduirait plutôt à arrimer la Flandre à la France et souligner la proximité des Ardennes avec l'ensemble rhénan.

Examinons maintenant les conséquences des invasions barbares sur la pseudo-histoire belge. Là encore, une lecture même rapide de l'histoire dément la légitimité historique de la Belgique telle qu'elle se dessine aujourd'hui.

Voici à quoi ressemblait la Belgique au moment où les Francs ont renversé le règne de Rome pour imposer le leur:

la_Gaule_en_500 La carte montre clairement que les Francs regroupaient sous leur autorité une vaste région incluant une partie des Pays-Bas actuels, Cologne, Trêves, et allaient jusqu'en Picardie. Le royaume était constitué des Francs Saliens à l'ouest, et des Francs Ripuaires à l'est. Là encore, la division qui s'impose est beaucoup plus selon le schéma est/ouest (Liège étant à nouveau du côté germanique) que selon le schéma nord/sud.

Par le jeu des conquêtes, les Francs absorbèrent le royaume de Syagrius, puis le royaume des Wisigoths. Dès l'origine, le royaume des Burgondes, qui se transforma en Bourgogne, résista à ce mouvement historique, de telle sorte qu'une ville comme Lyon n'appartint pas au royaume franc.

Cette petite revue historique montre bien que la Belgique (Flandre comprise d'ailleurs) appartient au noyau historique de la France, beaucoup plus que la vallée du Rhône...

S'il fallait donc puiser dans l'histoire une ou des raisons de refaire la géographie contemporaine, l'indépendance de la Belgique serait morte.

Un des grands fantasmes historiques belges est de soutenir que, à la mort de Charlemagne, la Lotharingie englobait la Belgique, signe que dès le haut Moyen-Age, la nation belge bouillonnait. Je ne résiste pas au plaisir de montrer une carte du partage carolingien, au IXè siècle, qui montre combien cette idée relève de l'idéologie.

Partage_carolingien La carte ci-contre distingue selon les gris le tracé du partage de 843 entre les trois petits-fils de Charlemagne. Là encore, l'actuelle Belgique est divisée selon une ligne est-ouest correspondant au découpage antérieur. Pour aller vite, l'est de la Meuse était rattaché à la Lotharingie, et l'ouest rattaché à la Francia Occidentalis. Une référence à l'histoire nous obligerait donc une fois encore... à annexer la Flandre à la France et à céder la Wallonie à l'Allemagne.

Le trait épais qui découpe la carte en trois montre les limites imposées par le traité de Meersen en 870. Cette fois, la totalité de l'actuelle Belgique passe du côté français. Les Pays-Bas sont rattachés au royaume de Louis le Germanique, ainsi que l'actuelle Alsace-Lorraine.

Ce rappel historique montre que jamais, dans les temps d'insécurité militaire et de remises en cause permanentes des frontières, l'idée d'une Belgique ressemblant à l'Etat-nation actuel, n'a émergé. Pas plus que le concept d'une Flandre détachée du bloc français. S'il existe une ligne de partage récurrente dans l'histoire de l'Europe occidentale, elle se situe sur le Rhin et à certains égards sur la Meuse. Mais d'une frontière linguistique nord-sud, ou d'un Etat regroupant les Belges d'aujourd'hui, il n'en fut jamais question.

C'est avec les Carolingiens que disparait une certaine idée de l'occident européen, peu ou prou nostalgique de l'unité impériale. Et c'est après eux que naît l'idée de la France, c'est-à-dire d'une nation regroupant les peuples du nord des Pyrénées.

La carte suivante montre comment se structurait le royaume des premiers capétiens.

Les_premiers_cap_tiensLe comté de Flandre, qui englobait Tournai et Gand, relevait de la couronne de France. Le comte de Flandre était un vassal du roi de France. Le reste du territoire belge appartenait au saint-empire germanique, dont la structuration était encore timide.

Une fois de plus, les ressorts du découpage entre les territoires obéissent beaucoup plus à une logique est/ouest (la Flandre flamingante de Bruges et Gand appartenant de façon constante à la France!), qu'à une logique nord/sud comme celle qui prévaut aux revendications flamandes d'aujourd'hui.

En aucun cas, un retour à l'histoire ne conforte donc l'existence d'une Belgique, même à l'état de "veille".

Pour ce qui concerne le Saint-Empire romain germanique dont relevait le reste de l'actuelle Belgique, la règle du désordre politique se vérifiait encore mieux que dans le royaume capétien. Le pouvoir de l'empereur était dilué, et son obsession d'envahir l'Italie pour reconstruire l'empire romain antique le détournait des parties les plus septentrionales de son territoire.

L'actuelle Wallonie (sans le Hainaut), ainsi que le Brabant et la Campine appartenaient alors au duché de Basse-Lorraine dont l'histoire n'est guère enseignée de nos jours. En fait, ce duché fut créé en 959 par Bruno, archevêque de Cologne. Ce territoire se transforma en 1190 en duché de Brabant, sous l'autorité d'Henri I (mort en 1235). L'implosion du duché de Basse-Lorraine était alors définitive. Elle fut entamée dès l'an 1000 et conduisit à l'émergence de fiefs au Luxembourg, à Namur et dans le Hainaut.

L_Etat_bourguignon

En fait, le bas Moyen-Age fut une période d'émiettement territorial où, entre le Saint-Empire germanique et la France, apparut un troisième acteur qui eut une forte influence sur le destin de l'actuelle Belgique: l'Etat bourguignon.

L'histoire de la Bourgogne est complexe et peu étudiée. Dans la pratique, les ducs de Bourgogne étaient les vassaux des rois de France en même temps qu'ils furent, pendant quelques décennies, leurs rivaux. Ils parvinrent à établir leur autorité sur une série de territoires, dont le Brabant, le Hainaut, le Limbourg et le Luxembourg.

En 1369, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, fils du roi de France Jean le Bon, épousa Marguerite de Flandre. Cette union lui permit d'hériter, en 1384, de la Flandre, de l'Artois, de Rethel, de Nevers, de la Franche-Comté et de quelques terres en Champagne. Cet héritage constituait son apanage personnel et ne rattachait pas donc pas les territoires hérités à l'Etat bourguignon proprement dit.

On peut considérer qu'il s'agit de l'expérience la plus ancienne de la création d'une Belgique, qui ne comprenait pas, toutefois, la principauté de Liège, alors sous suzeraineté germanique. Il est intéressant de noter que cette première apparition de la Belgique se fit sous l'autorité d'un duc français, qui exerçait par ailleurs la régence de la couronne de France, pendant la folie de Charles VI.

De façon significative, donc, le rassemblement sous une même autorité, de différents fiefs émiettés ne peut se faire que grâce à l'intervention d'une autorité française.

Une fois de plus, l'idée d'une Belgique légitime dans l' histoire est difficile à défendre.

En 1477, Louis XI profita de la mort de Charles le Téméraire pour rattacher le duché de Bourgogne à la France. Définitivement, la Belgique ne pouvait se concevoir sans elle.

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Commentaires
M
Nous savons maintenant, grâce à l'auteur de ce commentaire historique d'une qualité inégalée, que les territoires belges étaient, depuis l'Antiquité, destinés à appartenir à la France. C'est certainement par soucis de clarté que notre professeur d'histoire a choisi de laisser de côté les relations et alliances existant entre les différentes entités morcellées formant la Belgique médiévale. Le même choix de sobriété l'a également poussé à laisser entendre que le roi de France avait annexé les provinces belges en même temps qu'il envahissait la Bourgogne en 1477. Après tout, les Habsbourg ne représentent qu'une petite période allant de Charles Quint à la révolution brabançonne. C'est maintenant clair pour nous tous, la Belgique est née pour être française... Par acquit de conscience, je propose quand même aux lecteurs de se procurer un livre d'histoire belge afin d'avoir des analyses pertinentes.
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